Episode Transcript
[00:00:17] Donc on vient d'écouter le troisième chapitre du livre de Ruth. Et j'aimerais commencer par quelque chose...
[00:00:26] enfin, par aborder un thème qui est central dans le Livre de Ruth. Donc, Letton nous a très brièvement parlé la dernière fois, mais on va aller voir un petit peu dans l'Ancien Testament, et plus particulièrement dans le Deutéronome, ce que la Bible dit justement sur le droit de rachat. Puisque finalement, tout le Livre de Ruth tourne autour de ce droit de rachat. C'est le point un petit peu charnière et central de cette histoire.
[00:00:52] Donc, c'est dans Deutéronome, chapitre 25, Au verset 5, on va lire quelques versets pour voir un petit peu ce que la Bible nous dit de ce que c'est ce droit de rachat. Donc Deutéronome 25, verset 5. « Lorsque des frères habiteront ensemble et que l'un d'eux mourra sans laisser d'enfant, la femme du défunt ne se mariera pas en dehors de la famille avec un étranger. C'est son beau-frère qui s'unira à elle, la prendra pour femme et l'épousera comme beau-frère.
[00:01:22] Le premier-né qu'elle mettra au monde succédera au frère mort et portera son nom, afin que son nom ne soit pas effacé d'Israël. Si l'homme ne veut pas épouser sa belle-sœur, elle montera à la porte vers les anciens et dira « Mon beau-frère refuse de maintenir le nom de son frère en Israël. Il ne veut pas m'épouser conformément à son devoir de beau-frère. » Les anciens de la ville appelleront l'homme et lui parleront. S'il persiste dans la position et dit je ne veux pas l'épouser, alors sa belle-sœur s'approchera de lui en présence des anciens, lui enlèvera sa sandale du pied et lui crachera au visage. Prenant la parole, elle dira voilà ce que l'on fera à l'homme qui ne veut pas bâtir la maison de son frère. Et sa famille sera appelée en Israël la famille du déchaussé.
[00:02:05] Ce qu'on voit ici, c'est que le droit de rachat, que la Bible appelle également la loi du lévira, c'est si un homme marié, évidemment, meurt sans enfant, sa femme épousait son frère – on va voir un peu après où un autre, un proche parent, donc c'est ce qu'on va lire juste après – et le premier enfant qui naissait de cette union héritait des biens du défunt.
[00:02:31] Alors, il n'y avait pas que Israël qui faisait cette chose-là, ce n'était pas que dans la loi de Moïse, il y avait pas mal de peuples en Afrique et quelques-uns en Asie qui le faisaient également. Alors il y avait plusieurs, je vais dire, versions, entre guillemets. Celle de la Bible est très particulière puisque c'est le premier enfant qui hérite, seulement, dans certaines traditions, dans certains peuples, c'était tous les enfants de cette femme héritaient de l'homme décédé, en fait. Donc, en gros, l'héritage était rattaché à la femme et tous ses enfants héritaient, et le mari avait une autre femme pour ses propres héritiers.
[00:03:09] Dans la Bible, ce n'est pas mentionné de manière très précise, même si on peut le supposer, s'il était nécessaire ou non d'être célibataire pour pouvoir faire valoir un droit de rachat. Probablement pas.
[00:03:22] On peut le supposer par rapport à ce qui est écrit au chapitre 4. Et on peut penser également que si jamais l'homme qui exerçait ce droit de rachat n'avait que cette femme, le premier effectivement héritait de celui qui était décédé et les autres enfants héritaient pour lui. Alors l'importance de ce droit de rachat, Et je dirais la première chose, celle qui nous vient le plus facilement à l'esprit, c'est le côté social, la protection sociale. Une veuve sans enfant se retrouvait à un moment ou à un autre sans ressources, sans capacité de travailler la terre, sans moyen de subsistance dans son vieillage. Et donc, c'était une manière de protéger la veuve sur un plan, on va dire, vraiment social. C'était, et d'ailleurs c'était une protection sociale qui a été le plus souvent mise en avant dans la plupart des peuples qui pratiquaient cette loi. Enfin, en tout cas, cette tradition. Mais il y a une autre raison qui est, à mon sens, prédominante sur le côté social, c'est ce droit de rachat. Et on va aller lire dans Lévitique, cette fois-ci, toujours au chapitre 25 et au verset 23. Donc Lévitique 25 verset 23. Les terres ne se vendront pas de façon définitive car c'est à moi que le pays appartient et vous êtes chez moi comme des étrangers et des immigrés. Dans tout le pays dont vous aurez la possession, vous établirez un droit de rachat pour les terres.
[00:05:02] C'est Dieu qui parle évidemment. Si ton frère devient pauvre et vend une portion de sa propriété, celui qui a le droit de rachat, son plus proche parent, viendra et rachètera ce qu'a vendu son frère.
[00:05:13] Si quelqu'un n'a personne qui ait le droit de rachat et qu'il se procure lui-même de quoi faire son rachat, il comptera les années depuis la vente, remboursera la différence à l'acheteur et retournera dans sa propriété. S'il ne trouve pas de quoi lui faire ce remboursement, ce qu'il a vendu restera entre les mains de l'acheteur jusqu'à l'année du jubilé. Lors du jubilé, il retournera dans sa propriété et l'acheteur en sortira.
[00:05:36] Alors, on a ici quelque chose de très important, qui concerne ce qu'on appelle le jubilé. Le jubilé, chez le peuple d'Israël, c'est une année très spéciale. Vous connaissez le Shabbat, le jour non travaillé dans la semaine. Donc, on travaillait six jours, et le septième jour, Shabbat, on ne travaille pas.
[00:05:53] Il y avait également ce qu'on appelait un Shabbat d'année. On travaillait six ans, et la septième année, on ne travaillait pas. En tout cas, on n'avait pas le droit de travailler la terre. C'est-à-dire que pendant six ans, on pouvait semer et récolter, Et la 7e année, on n'avait pas le droit de semer et on n'avait pas le droit de récolter ce qui avait poussé tout seul. Donc, c'était une façon très concrète d'appliquer ce que Cléton nous a partagé la dernière fois, la Providence. Dieu pourvoit. Dieu pourvoit la 6e année, de manière à ce qu'il y ait de quoi manger la 6e année et la 7e année, sans avoir besoin de semer, et de semer la première année du cycle suivant. Et lorsqu'on avait fait un 7 fois ces 7 années, eh bien, il y avait une année supplémentaire, la 50e année, qui était une année, pareil, qui était mise à part. Et donc, la 48e année, on semet, on récoltait, et la 49e année, c'était une année de Shabbat, on ne travaillait pas, et la 50e année non plus.
[00:06:59] Donc, pendant trois ans, on n'allait pas semer ni récolter. Et donc, la 48e année, Dieu pourvoit pour trois ans. C'est un petit peu l'image de ce qui se passe dans le désert avec la manne, si vous voulez rechercher une comparaison et voir un peu comment les choses se passent et ce que Dieu dit par rapport à ça.
[00:07:19] Donc, c'est vraiment compter sur la providence de Dieu. Mais cette année du Jubilé était très particulière puisque, on vient de le lire, Tous ceux qui avaient vendu une partie de leur terre retournaient et reprenaient la propriété de cette terre. C'était une année où toutes les dettes étaient supprimées. Bien sûr, les lois sociales faisaient attention. Un champ qui était vendu pas longtemps avant le jubilé se vendait forcément moins cher. Un champ qui était vendu très tôt, dans la période de 50 ans, se vendait beaucoup plus cher. Et on voit également que pour racheter, ça ne fonctionne pas selon l'offre et la demande.
[00:07:55] Il est bien marqué que celui qui a vendu son bien compte les années écoulées et rembourse la différence. C'est pas le champ a pris de la valeur ou en a perdu. C'est par rapport à la somme vendue initialement. Parce que sinon, effectivement, il aurait pu avoir des abus. Une personne qui vendait un champ le vendait en fonction du nombre d'années restantes avant le jubilé. Plus on était loin, plus le champ avait de la valeur. Et pour le racheter, Il n'y avait pas de question de marché d'offres et de demandes. On prenait la somme qui avait été calculée à la base, on retranchait le nombre d'années et c'était la somme qui restait, qui était utilisée pour le rachat. Mais il y a une deuxième chose très importante, c'est que lorsqu'on arrive au jubilé, on récupère la propriété initiale. Et de la même manière, les dettes étaient effacées. C'est une façon pour Dieu de mettre un frein à l'enrichissement excessif. Parce que Dieu dit au peuple d'Israël, vous allez dans un pays de lait et de miel. Vous allez dans un pays où vous allez prospérer, vous enrichir. Et il encourage le peuple d'Israël à s'enrichir, à prospérer, à grandir. Mais, il dit attention, tous les 50 ans, on remet les choses à plat. Parce que vous êtes chez moi. Cette terre m'appartient. Et quelle est l'importance de ce droit de rachat ? On a lu que nous sommes dans la période des juges, et lorsqu'on lit le début du livre des juges, il est dit « Nous sommes autant des juges, et chacun faisait ce qui lui plaît ». Dans le livre des juges, si vous lisez, vous verrez que untel a construit une statue dans son jardin, untel a fait des idoles à partir de ses bijoux, untel a fait sa... Chacun avait ses dieux, avait ses sculptures, avait ses idoles, avait... Et Dieu, ce qu'il fait dans cette loi du rachat, il permet d'éviter que la terre qu'il possède et qu'il a donnée aux israélites parte du pays. Et c'est ça, en fait, le plus important dans ce droit de rachat. C'est la possession, de la terre qui reste au sein d'Israël et qui reste au sein de chaque tribu à la division de la terre au moment où le peuple rentre dans la terre d'Israël. Parce que, bien sûr, un étranger pouvait racheter un bien, mais lorsque le Jubilé arrivait, la terre, agricole en tout cas, revenait à la famille qui la possédait à l'origine, à condition qu'il reste un héritier.
[00:10:24] Si plus personne ne pouvait réclamer cette terre, elle appartenait à celui qui l'avait rachetée avant.
[00:10:31] Donc voilà un petit peu l'importance de cette loi. Et il y a un point très particulier mais très important sur lequel on est passé très vite. C'est que ce droit de rachat n'est pas obligatoire.
[00:10:45] on l'a vu dans Deutéronome, l'homme a le droit de dire non. Je ne souhaite pas acheter, quelle qu'en soit la raison. Et il n'y a absolument aucun motif qui soit précisé en disant il peut dire non si telle ou telle raison. Donc on est dans quelque chose qui est bien cadré et dans lequel on est confronté à ce moment-là pour Ruth.
[00:11:09] Alors maintenant si on reprend notre passage, la première chose que l'on voit dans ce texte Concerne Naomi, elle dit quelque chose à Ruth et on voit qu'il y a eu un changement dans Naomi. On est passé de Naomi, à la fin du chapitre 1, qui est dans l'amertume, qui dit « Seigneur, pourquoi est-ce que tu m'as abandonné ? » qui dit même « Seigneur, tu as retiré ta main de moi, tu m'as rempli d'amertume, elle accuse le Seigneur de beaucoup de choses à quelqu'un qui, finalement, a repris espoir. Elle dit « je voudrais assurer ton repos, je voudrais que tu sois heureuse », donc elle se projette vers l'avenir. Donc elle cherche à aller vers l'avant et donc on peut comprendre, quand on se projette vers l'avenir, qu'on a retrouvé l'espoir. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre les deux ? Ce que Cléton nous a partagé, le chapitre 2, Naomi, elle voit la providence de Dieu. Lorsque Ruth revient avec du grain qu'elle a glané, et qu'elle lui dit, j'ai travaillé dans le champ d'un certain Boas, ah, cet homme, c'est notre proche-parent, il a le droit de rachat. Elle voit la providence de Dieu. Et comme on l'a partagé la dernière fois, la providence, ça ne veut pas dire je reste assis et je laisse les choses se passer. La providence, Dieu pourvoit, oui, il nous le dit, mais ça ne veut pas dire qu'on reste assis et qu'on ne fait rien. Et c'est exactement ce que Naomi, elle fait. Elle sait renseigner.
[00:12:32] Elle dit « Ce soir, Boas y va être à l'air de bataille ». Alors, comment se passait la moisson à l'époque ? Cléton nous disait qu'on faisait la moisson à la faucille, c'est-à-dire qu'on prenait une poignée d'épis et on tranchait avec une faucille. Et la poignée, c'était une javel, c'est ce que vous avez entendu dans le texte si vous réécoutez. La javel, c'est une poignée d'épis. On posait cette poignée, on prenait une autre poignée, on tranchait, ainsi de suite, et quand on en avait suffisamment, on les attachait ensemble et ça faisait ce qu'on appelle une gerbe. De blé, d'orge, peu importe. Ces gerbes, on les emmenait, on les stockait, et lorsque le champ était fait, moissonné, ou quand toute la moisson était faite, on allait à l'air de batage.
[00:13:10] L'aire de battage, c'était une zone où le sol était préparé, très dur, très tassé, parfois c'était même des dalles de pierre, et sur lequel on allait battre les céréales, comme on le voit dans le chapitre 2 où il est dit que Ruth bat les céréales qu'elle a ramassées. Ça veut dire taper sur les céréales pour séparer le grain de la paille.
[00:13:27] Il y avait plusieurs méthodes. Celle qui a donné le nom à l'aire de battage, c'était avec ce qu'on appelle un fléau, c'est un grand bâton avec un autre petit bâton accroché au bout et on tapait littéralement sur les épis qui étaient posés par terre.
[00:13:40] L'autre méthode, c'était de le faire piétiner par des animaux, des bœufs ou des chevaux, plus ou moins qui tiraient un espèce de traîneau en bois pour passer dessus. Une fois que ça s'était fait, on se débarrassait de la paille et on allait ramasser le grain par terre, qui est mélangé à la poussière, le mettre dans ce qu'on appelle un vent, un grand panier en osier, et on faisait le vannage, c'est-à-dire on secouait à l'extérieur et le vent faisait partir la poussière et les écorces.
[00:14:07] qui sont autour des grains, il ne restait que le grain. Le grain qui va être préparé, cuisiné ou vendu.
[00:14:13] Donc c'est quelque chose qui est physique, qui emploie beaucoup de monde, qui est salissant, qui a beaucoup de poussière. C'est forcément à l'extérieur, on ne va pas faire ça dans une pièce. Donc ça veut dire qu'il fait obligatoirement beau, on ne va pas faire ça s'il pleut. Et puis l'air de bataille, il n'y en a pas une par personne.
[00:14:30] Il y en a peut-être plusieurs dans une ville, mais en tout cas, c'est un moment où Boas, il a cette période. C'est son tour.
[00:14:38] Donc il va y être pour une durée limitée. Et c'est pour ça qu'il dit qu'il dort sur place, parce qu'en fait, ils vont pas s'amuser à transporter aller-retour, les gerbes de machin, le temps qu'on n'a pas fini aujourd'hui, c'est pas grave, on ramène tout ce soir et on revient demain. Non, non, on dort sur place, c'est pour ça. Il a un temps et elle s'est renseignée, elle sait, voilà, là, il est là, on sait où il est, il va pas bouger.
[00:15:02] C'est important parce qu'elle aurait très bien pu le chercher un peu partout, il avait probablement plusieurs champs. Comme Boaz, c'est quelqu'un d'important dans la ville, on sait qu'il siège avec les anciens, donc c'est quelqu'un d'important, il aurait pu être n'importe où dans ses propriétés. Non, on sait que là, il est là. Donc Naomi, elle s'est renseignée. Elle sait qu'il y a la providence de Dieu qui est à l'œuvre, mais elle ne fait pas rien. Et elle va donner des conseils à Ruth, des conseils qui sont, je dirais, des conseils de bon sens.
[00:15:29] Elle lui dit d'abord, habille-toi, enfin lave-toi pardon, parfume-toi, habille-toi.
[00:15:34] Alors, on le mentionne là, mais c'est plus jamais rementionné de quoi que ce soit, sa tenue, peu importe. C'est simplement de dire, elle va quand même faire une demande de mariage. Ni plus ni moins. Le droit de rachat implique un héritier. Donc, Voilà, c'est pas mystérieux comme demande. Donc elle va faire une demande de mariage. Alors oui, c'est son droit. C'est dans la loi. Ça n'empêche d'y mettre un peu l'effort.
[00:16:08] Voilà, on n'est pas dans une situation que légale, mais il n'empêche que, bah oui, elle va faire une demande importante.
[00:16:20] Prépare-toi, apprête-toi. Et ce sera pas rementionné d'ailleurs, du tout. Et de la même manière, va le voir, regarde où il est et attends. Le dérange pas en plein milieu de la journée. Il y aura plein de monde, il va y avoir de l'activité, etc. C'est une journée importante, c'est pas la peine d'aller l'interrompre. Le met pas non plus en difficulté dans une situation qui est quand même, socialement parlant, tendue, puisque c'est une demande de mariage, c'est pas rien.
[00:16:50] en plein milieu de tous ses serviteurs, avec toute sa maison, etc. Attends qu'il soit seul. Il a fini de manger, il est reposé. Regarde où il se couche. Découvre la couverture et couche-toi à ses pieds. C'est bien à ses pieds et pas sur ses pieds.
[00:17:04] Alors, je le précise parce que j'ai lu que certaines personnes interprétaient ça de cette façon. Il y a des gens qui interprètent que Naomi conseille à Ruth de coucher avec Boaz.
[00:17:13] Ça ne fait pas sens par rapport à ce qu'il y a derrière, mais comme je l'ai lu, je préférais le préciser. Et Ruth, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle va faire ce que sa belle-mère lui a conseillé. Elle regarde où il est, elle attend, il s'endort, elle découvre ses pieds et elle se couche. Et j'aime bien la façon dont c'est traduit en français dans les différentes versions. Des fois, il est marqué « il a eu un frisson et il se réveille ». On se dira « bah oui, il n'a plus rien sur ses pieds donc il a froid ». Et certaines disent « une frayeur ». Il se réveille et il a une frayeur de voir qu'il y a quelqu'un qui dort à côté de lui.
[00:17:43] Alors, et là Ruth lui fait cette demande justement. Elle dit « Je suis Ruth, ta servante ». Il n'a pas vu qui c'était donc elle a bien suivi les conseils de sa belle-mère. « Étends sur moi le pan de ton manteau car tu as le droit de rachat ». Alors, la demande qu'elle fait, elle est humble et elle est discrète.
[00:18:08] Il ne sait pas qu'elle est venue. Il n'a pas... Il ne l'a pas reconnue, il ne l'a pas vue, elle n'a pas fait d'esclandres. Elle aurait pu, elle aurait eu le droit. Littéralement, c'était dans la loi de Moïse que Dieu donne. Elle a le droit en tant que veuve d'aller demander à un homme le droit de rachat. Et s'il refuse d'aller aux anciens, Donc, elle a le droit, elle ne prend pas cette revendication sur ce droit. Elle garde une attitude humble et discrète. Et d'ailleurs, ce que je trouve très intéressant, c'est que Les termes qui sont employés, Clayton nous en a parlé, sur le droit de rachat, je trouve que c'est beaucoup plus joli en anglais qu'en français, du moins beaucoup plus facile à comprendre. Je vais vous lire la traduction en darbie anglaise de ce verset, enfin en tout cas je vais lire les derniers mots du verset, je trouve ça assez parlant.
[00:19:07] Je vais lire le verset 9 en entier. Donc c'est Boaz qui dit « And he said, who art thou? And she answered, I am Ruth, thy handmaid. Spray thy skirt over thy handmaid, for thou hast the right of redemption. » Dans certaines autres versions, il est dit, c'est marqué « for thou art the redeemer ». En anglais, c'est littéralement « celui qui qui peut nous racheter, c'est la traduction française, celui qui a le droit de rachat, celui qui apporte la rédemption. Et là, on comprend beaucoup plus facilement pourquoi, ce que Cléton nous partageait la dernière fois, il y a une telle comparaison faisable entre le Messie et Boaz. Celui qui peut nous racheter. Et c'est exactement ce qu'il en est dans cette situation.
[00:20:08] Boaz rachète Ruth, ça ne veut pas simplement dire elle, mais l'héritage qui est lié à Elimelech. Parce que si on reprend dans cette histoire, lorsqu'il part, Elimelech, il a probablement vendu ses champs. On se dit qu'il part en Moab, il ne va pas partir en laissant des biens derrière lui.
[00:20:32] qui part avec un peu d'argent. S'il revient, il a le droit de les racheter. C'est dans la loi. Et si c'est son héritier qui revient, cet héritier a le droit de le racheter. Et si cet héritier n'a pas les moyens, il n'a qu'à attendre le jubilé pour revenir dans la propriété de Elimelech. Mais il n'y a plus d'héritier. Et donc, sa femme, Naomi, aura eu le droit de faire valoir ce droit de rachat. Et sa belle-fille, en l'occurrence, le fait.
[00:21:00] Alors, C'est intéressant de voir comment Ruth apporte les choses, parce qu'elle fait ça de manière humble, discrète. Et la réponse de Boas est tout aussi intéressante. Il dit « Ce que tu viens de faire est au-delà encore de ce que tu avais déjà fait ». « Ce qu'elle avait déjà fait », c'est ce qu'il lui dit au chapitre précédent. « Tu as quitté ton pays et ta famille pour t'occuper de ta belle-mère ». Et là, il s'est passé quelques temps quand même, puisqu'on est à la fin de la moisson de l'orge, puisqu'ils vont à l'air de battage, donc on se dit qu'il a dû finir ses champs, et là on va battre toute l'orge pour le stocker, et après on passera à la moisson des blés.
[00:21:40] Boas, il est, je pense, intéressé par Ruth.
[00:21:44] Alors, c'est vrai qu'on sait que Boas est un homme bon.
[00:21:48] Mais moi, je trouve ça quand même, peut-être que c'est un peu personnel, mais je trouve ça intéressant de voir qu'il l'a fait s'asseoir avec ses moissonneurs. Alors oui, c'est la belle-fille de sa proche-parente Naomi.
[00:22:02] Il n'empêche que c'est une étrangère, que ça n'a pas vraiment de lien de famille. Enfin, je ne sais pas si vous avez des personnes de votre famille éloignées. Bon, des cousins éloignés, vous les connaissez un petit peu, leurs conjoints.
[00:22:15] Pas forcément, c'est un peu ça dont il est question. Mais il a fait s'asseoir avec ses moissonneurs. Il lui laisse beaucoup, beaucoup d'avantages. Est-ce qu'il était comme ça avec tous ceux qui venaient de l'année ? Je ne suis pas sûr. Ou en tout cas, on n'en sait rien. Mais il a quand même un intérêt pour Ruth parce qu'il s'est renseigné de sa réputation. Il dit tout le monde sait que tu es une femme de valeur.
[00:22:39] Et les mots « une femme de valeur », ce n'est pas anodin, ce sont les mêmes mots que Dieu emploiera pour parler de la femme de valeur dans Proverbe 31. Les mêmes, c'est quand même quelque chose de fort, en tout cas un compliment très beau. Il a probablement un intérêt, mais, et on le voit, il y a une différence d'âge, il le dit, il dit « ma fille ». Il dit qu'il aurait pu rechercher des jeunes gens. Alors, ils n'étaient peut-être pas aussi éloignés qu'un grand-parent et une petite fille, mais probablement une génération quand même d'écart. Certains disent qu'il était plus proche d'âge de Naomi que de Ruth. Mais bon, après, ça, c'est de l'interprétation. En tout cas, il était plus âgé qu'elle. Et je trouve intéressant de voir qu'il lui dit que ce que tu viens de faire, ce trait, témoigne encore plus en ta faveur. Qu'est-ce que c'est que ce trait ? Quand il lui dit tu n'as pas cherché de jeunes gens, pauvres, autrement dit quelqu'un qui plaît à tes yeux, ou riches, quelqu'un qui aurait pu t'apporter une sécurité parce que si Ruth s'était mariée avec n'importe qui, elle aurait continué de s'occuper de sa belle-mère.
[00:23:47] Elle n'était pas obligée. Et ce que Boas lui dit d'une certaine façon, c'est que tu n'étais pas obligée parce que tu n'es pas israélite. Elle ne fait pas partie du peuple, elle n'est pas soumise à cette loi.
[00:24:01] En tant que mohabite, elle avait le droit d'aller chercher qui elle voulait. Il dit tu prends soin de ta belle-mère, c'est bien. Et elle lui a promis de prendre soin d'elle. Et c'est la première chose qu'il lui dit. Mais elle aurait pu choisir un mari quel qu'il soit et continuer de s'occuper de sa belle-mère dans cette nouvelle famille. Et puis, on peut se rappeler quand même que Dieu dit à la base, au peuple d'Israël, tu ne prendras pas de femme étrangère. Et encore plus, il précise même, tu ne prendras pas de femme chez les mohabites.
[00:24:31] Donc, il y a quand même quelque chose qui est intéressant dans cette interdiction que Dieu fait envers l'étranger. Et les étrangers ne sont pas du peuple d'Israël. Qu'est-ce qu'il lui dit en fait ? Tu as respecté la parole que tu as donnée quand tu as dit « Ton Dieu sera mon Dieu ». « Ton Dieu sera mon Dieu ». Il lui dit tu as obéi Et ça, c'est au-delà de ce que tu as fait avant de prendre soin de ta belle-mère, qui était d'ailleurs un des commandements, de prendre soin de ses parents. Et à l'époque, la famille dans laquelle on rentrait quand on était mariés devenait notre famille. Mais ce que Ruth, elle fait là, c'est qu'elle obéit à Dieu.
[00:25:29] alors qu'elle n'est pas obligée et qu'elle ne fait pas partie du peuple, elle n'est pas obligée de le faire. Et c'est ça que Boas met en évidence particulièrement. Et on voit l'intégrité de Boas, il ne profite pas de la situation. Il lui dit « attends, reste là tranquille, dors, finis la nuit et on verra demain ». Il fait attention à sa réputation, à elle. Avant que les gens commencent à pouvoir se reconnaître, il lui dit « bon ben tu vas repartir et je m'occuperai de tout ». Et il fait une dernière chose qui n'a pas vraiment de sens sur le plan, je dirais, commercial ou pratique. Il redonne du grain à Ruth.
[00:26:09] Alors il lui donne du grain déjà qui est déjà travaillé. Lorsqu'elle glane, elle ramasse des épis, elle doit le battre, c'est d'ailleurs écrit au chapitre 2, avant de pouvoir en tirer du grain qui va être utilisable. Là, il lui donne du grain qui a déjà été battu dans la journée, donc qui est déjà prêt à être utilisé, à être vendu, un produit fini si vous voulez. Mais pourquoi il lui donne ? Après tout, le lendemain, soit il fait valoir le droit de rachat. Perrude devient son épouse. Et le grain qui lui a donné, il récupère, entre guillemets, puisqu'elle redevient dans sa famille. Soit c'est l'autre parent qui fait le droit de rachat, Et du coup, elle est dans une autre famille et elle n'a plus de besoins puisque quelqu'un va pouvoir prendre soin d'elle et de Naomi. C'est le « deal » entre guillemets. C'est peut-être pas un très bon mot, mais c'est ça, l'idée. Ruth, elle dit voilà, le droit de rachat impliquait de prendre soin de la femme et donc de sa belle-mère.
[00:27:13] Donc finalement, ça sert pas à grand chose, il suffit d'attendre une demi-journée et puis ils ont plus besoin, entre guillemets, de subsistance. Et en plus, si c'est lui qui fait le droit de rachat, ça lui revient.
[00:27:23] C'est pas logique. Il s'attache pas à son bien pour être une bénédiction. D'une certaine façon, même si c'est l'autre qui prend ce droit de rachat, j'aurais été quand même une bénédiction.
[00:27:44] Effectivement, il aurait pu dire, rentre chez toi de toute façon, d'ici ce soir, vous êtes hors du besoin. Vous êtes sous la protection, vous êtes rentré dans une famille, vous allez avoir de quoi subsister. Et entre guillemets, peut-être, si ce n'est pas moi, comme ça, au moins, ce que je te donne, ce n'est pas pour l'autre. Non. Il veut être une bénédiction. Il ne prend pas attention à son bien pour être une bénédiction.
[00:28:12] Et après, on voit un dernier point de cette, je dirais, intégrité, lorsque Naomi dit à Ruth « T'inquiète pas, il va gérer, d'une certaine façon. T'inquiète pas, il t'a donné sa parole, il t'a dit qu'il s'en occuperait. Il va s'en occuper. » Il y a un dernier point que je trouve assez questionnant. Pourquoi est-ce que Boaz est toujours célibataire ? Il n'est pas marié. C'est étonnant parce que c'est un homme riche.
[00:28:49] C'est un homme bon, c'est quelqu'un qui possède des champs, qui siège avec les anciens, qui a un statut social élevé dans la ville. C'est quelqu'un qui sert l'éternel, on l'a partagé la dernière fois, la façon dont il s'adresse à ses serviteurs. C'est quelqu'un qui a... Ouais, on peut dire... C'est un homme bien, comme on dirait dans le monde. C'est un mec bien. Il a une...
[00:29:13] Il a un cœur pour Dieu, puis il prend soin des pauvres, il fait attention, il remarque qu'il y a quelqu'un qui vient glaner.
[00:29:20] Comment ça se fait qu'il est encore seul ? Est-ce que vous savez qui est la mère de Boaz ? C'est Rahab. Donc Boaz, lui, il sait ce que c'est que d'être attaché au peuple.
[00:29:41] Parce que lui, probablement, quand il était enfant, il était le fils de la prostituée. Et il est seul. Et lorsqu'il voit les autres, il n'a pas la même vision que le peuple d'Israël qui, peut-être, pas de manière consciente, mais à une vision très fermée. Et à juste titre, Dieu a dit, tu ne prendras pas de femmes chez les étrangers, tu ne te mélangeras pas aux autres peuples. Dieu demande au peuple d'Israël de prendre la possession du territoire parce que les peuples ont été tellement mauvais que Dieu veut s'en débarrasser. C'est ça l'histoire du peuple d'Israël et de la terre promise.
[00:30:23] Parce que Dieu a laissé du temps au peuple qui habitait là pour se racheter Abraham, sinon il aurait pris possession du pays dès qu'il est arrivé. Non. Dieu lui dit, tu attendras. Et tes descendants peut-être reprendront possession du pays. Et Boaz, lui, il va faire valoir ce droit de rachat, prendre Ruth dans son foyer. Et de Ruth viendra le grand-père de David.
[00:30:55] Mais, maintenant si on reprend ce que l'on a pu voir jusque là, à savoir cette comparaison qu'il y a entre Boaz et le Messie, et Jésus. La première comparaison facile, c'est celle dont je parlais tout à l'heure, le Rédempteur. Celui qui rachète. Qu'est-ce que ça veut dire « racheter » quelque chose ? Ça veut dire qu'on le récupère, qu'on l'a perdu ou qu'on l'a vendu, en l'occurrence qu'on l'a vendu.
[00:31:25] acheter quelque chose qui n'est plus à nous. Lorsque Adam et Ève ont chuté, ils ont perdu le droit sur la terre. Et d'ailleurs, le diable, lorsqu'il tente Jésus, lui dit « Tous ces royaumes, je peux te les donner parce qu'ils sont à moi. » À juste titre. Mais Jésus a vaincu à la croix. Et si Je suis, moi, dans ma nature pécheresse, esclave au péché, Jésus me rachète par son sacrifice. Il me rachète à l'esclavage du péché. Comment est-ce que je fais valoir ? Comment est-ce que je prends possession de ce rachat ? Non pas en le demandant, non pas en faisant un esclan, non pas en réclamant mon droit, mais en venant à ses pieds.
[00:32:18] c'est en me mettant à ses pieds, à la croix, que je peux obtenir ce rachat. Et je ne pense pas que même les personnes de cette histoire aient eu conscience de cette image.
[00:32:34] Je n'ai pas trouvé de trace, peut-être que je n'ai pas bien cherché, mais disons que c'était une tradition de se coucher aux pieds d'un homme dans la nuit pour faire une demande en mariage. J'ai lu de temps en temps des personnes qui interprètent ça comme ça, je n'ai pas retrouvé de trace historique.
[00:32:49] Mais, en tout cas, c'est une image tellement parfaite de ce que nous devons faire par rapport au rachat que Jésus nous propose. Je ne dois pas faire valoir mon droit. Ruth aurait eu le droit d'aller directement à la porte aux anciens et dire j'aimerais que quelqu'un fasse valoir son droit de rachat.
[00:33:11] Non.
[00:33:13] Elle a fait ça de manière humble, discrète, exactement comme nous devons faire, nous mettre humblement aux pieds de Jésus, lui déposer notre vie. Et là, il nous rachète. Et qu'est-ce que c'est de rentrer dans l'héritage ? Ça veut dire que lors du jubilé, je reprends possession d'une partie du royaume. C'est ça. D'une partie de la terre revenait dans la famille.
[00:33:40] lors du Jubilé. C'est exactement pareil pour moi. Si je donne ma vie à Jésus, si j'accepte que Jésus rachète ma faute, je prendrai possession de l'héritage lors de la fin. Je redeviens héritier. Je suis réinclu dans la famille. Je trouve que c'est une belle image de ce que Jésus a fait pour nous.
[00:34:09] Je vous encourage à réfléchir par rapport à ça. Quelle est mon attitude ? Est-ce que je suis comme Naomi, au tout début de cette histoire, à la fin du chapitre 1, qui dit « Tu as retiré ta main, tu m'as rempli d'amertume ». Alors que dans cette situation, c'était ses propres choix qui l'ont amené. Ça ne veut pas dire que ce sont toujours nos choix qui font qu'il y a des malheurs qui nous arrivent.
[00:34:38] Mais parfois, on accuse Dieu de quelque chose alors que c'est nous qui en sommes responsables. Est-ce que, au contraire, je suis comme Naomi après ? Je vois la Providence. Je vois que là, il y a quelque chose que Dieu est en train de faire. Par hasard, Ruth est arrivée dans le champ de boise. Ce n'est pas un hasard. Ruth n'en sait rien, mais Naomi tue tout de suite. Ce n'est pas un hasard.
[00:35:08] Et est-ce que si je vois cette providence, je m'assoie ou est-ce que je vais faire ce que j'ai à faire pour rester, pour me saisir de cette providence ? Et enfin, quelle est mon attitude par rapport à mon péché ? Est-ce que je sais, esclave du péché, que je peux être sauvé ? Et à ce moment-là, est-ce que je fais valoir mon droit de manière virulente ? Ou est-ce que je suis humble ? Je viens me mettre au pied de la croix en disant, je te donne ma vie. Comme Ruth étant sur moi ton manteau. Cette image que Jésus emploie des ailes avec les poussins. Est-ce que je demande humblement le rachat ? Sachons quand même qu'il y a une différence par rapport à cette histoire.
[00:36:03] Pour nous, il n'y a qu'une personne qui peut nous racheter. Contrairement à Ruth, il n'y a pas un autre qui peut. Il n'y a que Dieu, que Jésus qui peut nous racheter.